Friday, December 2, 2016

ENCODER L'URBAIN poème par Jennifer K Dick traduit en français par Virginie Poitrasson, affiché sur le Buffet de la gare dans les vitrines extérieurs et intérieurs sous les comptoirs



ENCODER l’URBAIN
Jennifer K Dick
Traduction par Virginie Poitrasson

Je voulais parler de l’expérience urbaine dans un vide, construisant une pratique réaliste de jointure dans l’entre-boulon, dans la non-imitation d’une usine d’acier, c’était ou ça allait être une interrogation de la durabilité décadente, comme une visite chez le kinésithérapeute, un réalignement d’infrastructures homéopathiques — oui, cela se résume aux ponts et lignes électriques, aux rails de tramway et plaques d’égouts avec des emblèmes en bronze d’historiens de la ville pas si différent de ce qui s’est disloqué des pages moisies d’un stock d’archives rejetées par une bibliothèque pleine à craquer mal entretenue, j’interviendrais sur les formes urbaines du Formica le long des centres de délocalisation ainsi que des minuscules projets d’architecture fait main comme les pop-up mégalopoles (devrait-on parler d’entreprises tentaculaires ? Et bien évidemment cela provoquerait un imbroglio d’images à la Jules Verne de poulpes aux tentacules couvertes de ventouses géantes émergeant pour étrangler des gratte-ciels musclés se pressant encore et encore plus haut) visant les stratosphères (nous étions/sommes) comme des ovations pour des survols au-dessus de stades remplis à ras-bord lors de désastres naturels, ça n’allait pas être opaque ou sans plomb, ce brin de causette en bavardant d’une conférence que je sentais sérieusement se rapprocher, mijotant, bouillonnant sous la surface comme certaines de ces lignes de fracture se faufilant du lit d’un fleuve aux tunnels des transports en commun, un écho dans le cercle extérieur se cognant contre la porte  du sens sphérique intérieur d’un symptôme urbain de quelque chose de citécircumpolaire, tu vas peut-être dire une étoile ou un étole mais je n’aime pas digresser ou régresser bien que tu dois admettre qu’il ne s’agit ou ne s’agira pas seulement de tenir compte des tendances ou même des idées vagues à propos d’un processus dévolutif de construction — ce que, je pense, est pareil à creuser un trou pour de nouvelles fondations, et de ces sous-villes pataugeant, que peut-on faire alors des ruines romaines-étrusques-celtes-amérindiennes qui déstabilisent nos perceptions ou préconceptions de la contemporanéité ? Ainsi cela va être un discours pas si différent d’un joint mis aux normes vissé en place s’étendant au-delà de l’aventure ordinaire du délirium d’un urbaniste tapissé des bleus devenus bleu lavande dans le creux d’échappées de ville censurées du XXIe siècle, les ponts suspendus remodelés, les pont-levis, les hangars, les marchés, les allées de jardins, les autoroutes, les centres commerciaux, les parkings entassés les uns sur les autres tels des mille-feuilles (je sais, je désire aussi faire basculer une seule pièce au bord de la ville de dominos, modèle de quelque chose qui est central à, et, mais, la digression, encore, donc revenons à) les hôtels dans le spectre d’une révision historique ou d’un modèle pour boîtes dans lesquelles on vit son train-train quotidien chez soi — des lofts réaménagés exploitant des zonages aux réglages d’usine, blocs de départ et partenaires financiers tandis que des agents d’immobiliers accrochent une pancarte avec un prix plus élevé, mais ce n’était pas vraiment ce que je voulais, d’encapsuler les spirales économiques telles des faîtes, tels des abris pour les joueurs telles des passerelles pour piétons suspendues, lancées haut au-dessus des trains et des trams et des camions comme si le fait de continuer n’allait pas être vraiment sur la fiche, mais le fait que les concessions soient l’égal des contradictions soient l’égal de la centralisation lorsqu’il s’agit du débat à l’intérieur / à l‘extérieur d’un même établissement sur la nature des frontières et l’inclusion, des ghettos et des pièges à touristes, la sureté dans l’incorporation du palimpseste urbain comme un bouton de neutralisation linguistique ctl + alt redémarrant comme la zone de conteneurs a donné lieu à une vague de panoramas cinq étoiles, des lois de stratosphères pour l’autoréflexion vers l’hôtel faisant face au paysage urbain en façades en verre si bien illuminées où, sans se toucher ni se chevaucher, la fange angulaire devient réversible, une aventure sur la place centrale, au-delà du regard des ouvriers en haut parmi les échafaudages non dilués de la ville émettant des bruits de métaux mal attachés contre les allocutions des commissions de planification et des insignes pour le paysage architectural ultramoderne rose barbe-à-papa sur un péage en plastique aux reflets métalliques, non seulement mon discours sur la ville se reflèterait de mille feux jusqu’aux limites de la cosmos mais je croyais en sa capacité de réverbérer, de faire un tour des cercles illustres, même pour ceux qui n’auraient le temps d’écouter qu’un court extrait rejoué bien après que tout le monde ait oublié quand cela s’est répandu sur le net grâce à Youtube, alors que je continuais à parler la nuit et à parler dans l’éther et à parler toute une journée jusqu’à la suivante et la suivante à rénover les dialectiques des structures architecturales dans la syntaxe grammatico-linguistique, les blocs de construction rhizomiques et écopoétiques dans lesquels on respire ici et maintenant dans les algorithmes de l’expérience urbaine.